Puerto Deseado
J 28 - Dimanche 19 décembre
 

Il y a la fête foraine, avec manège et karaoké, et une foule incroyable de jeunes, dont beaucoup d'Indiens, qui déambulent dans les rues par petits groupes. Certains partagent du maté à la paille dans leur timbale, assis sur le trottoir. Ici et là, des affiches rappellent qu'il y a trois ans un jeune boxeur, Jesús López, a été assassiné et que ce meurtre est à ce jour resté impuni.
 

http://www.youtube.com/watch?v=IDhsQ-S34Nk
Nous finissons par atterrir à Los Acantalidos, perché sur la côte rocheuse, avec balcon et vue sur la mer, où nous sommes les seuls clients, à deux jours de l'été. Nous avons fait le tour de tous les autres, pas de clients non plus. Mais ici c'est très bien, des gens très aimables, et dans la chambre (pour trois personnes) téléphone (pour la première fois), télévision, Internet; dans la salle de bains, serviette, savon, shampooing et sèche-cheveux. Plus chauffage! Par contre ce n'est pas donné...
 
A la confiteria de l'hôtel, je mange de l'excellente viande.
Coucher de soleil magnifique, orangé, avec, sur fond de nuages noirs, des draperies de pluie rose qui ne touchent pas terre, balayées par la force du vent.
Il est temps maintenant de nous mettre en quête d'un hôtel...
Nous allons au port nous renseigner aux « Darwin expediciones », installées dans un chalet, pour une sortie de deux heures et demie en zodiac, l'après-midi, afin de voir une pingüinera. Nous n’avons pas pris celle d’une journée (350 pesos par personne) dédiée à ces très étonnants manchots punks aux sourcils jaunes et à la huppe noire, les gorfous sauteurs (Eudyptes chrysocome), car la mer est très agitée et passer trois heures aller-retour à faire du trempoline, éclaboussés par les vagues, ne nous a pas tentés plus que ça…
©Yann Libessart
©Yann Libessart
J 29 - Lundi 20 décembre
 

Impossible d'enrouler le store, Alain a apparemment mis trop d'entrain hier soir à le dérouler, mais nous devinons qu'il fait beau. Le petit déjeuner buffet est royal, avec de  délicieux gâteaux maison et la vue sur la mer en prime. Le matin, la confiteria est le rendez-vous de tous les notables du coin, des « Don » ceci et cela, dans les soixante-dix ans. C'est à celui qui aura le plus gros 4 x 4, avec le plus gros pare-chocs...
Comme nous avons décidé de rester une nuit supplémentaire et que la chambre que nous occupons était réservée, on nous propose à la place une chambre de deux, juste à côté.
 
Nous passons à la banque de Patagonie changer des euros (à 5,17). Un vigile armé le long d'un mur et à côté de lui une espèce de haute guérite blindée en métal gris mais extrêmement étroite, à laquelle on accède par deux hautes marches, avec une minuscule vitre, certainement blindée elle aussi. A l'intérieur, un homme est assis et rit au téléphone. Il a l'air parfaitement à l'aise, prisonnier de ce coffre-fort de trois mètres de haut qui ferait tourner de l'œil, rien qu'en le regardant, n'importe quel claustrophobe...
©Yann Libessart
©Yann Libessart
Quand je vois ces photos magnifiques, je regrette amèrement de ne pas avoir été leur rendre une petite visite. Je sens qu'il va falloir retourner à Puerto Deseado...
 
Aux « Darwin expediciones »,  nous rencontrons un couple italo-argentin qui vit à Paris, avec leur fiston de neuf ans. Tout le monde est très sympa. Le prix de la sortie est passé en vingt-quatre heures de 150 pesos à 180... Il faut être six pour partir et nous ne sommes que cinq, donc les organisateurs ont trouvé l'astuce pour rentrer dans leurs frais.
En attendant 15 heures, nous suivons le TrailBlazer des gens dont nous venons de faire la connaissance sur une piste qui mène au « cañon » de Costa Negra. Petite balade d'une heure, chacun de son côté, dans un décor aride malgré la proximité de la mer, mosaïque de terre ocre sur laquelle blanchissent les os de quelques animaux malchanceux, lagune bleu-vert, soleil de plomb.
Plaza de Armas...
La salicorne est à la fois comestible – on la mange crue ou cuite,  ou en guise de cornichon – et futur bio-carburant des Argentins puisqu'elle produit, paraît-il, 1893 litres d'huile par hectare contre 530 pour le soja.
14 h 30, retour à l’embarcadère pour le départ de 15 heures. A 15 h 30, on est toujours à quai. Nous apprenons que désormais nous ne serons plus cinq mais onze, un groupe ayant téléphoné pour réserver. 15 h 45, ils arrivent, en short, tongues et T-shirt, alors que le vent est toujours violent et que sur l’eau la température ressentie est souvent glaciale. Mais alors, quid de l’augmentation de 30 € qui nous a été demandée pour compenser la personne manquante ? Eh bien ça ne change rien. Empochés c’est gagné ! Bienvenue au pigeon étranger, espèce fort répandue en Argentine et au Chili.
Pourpiers orange et mauves (Portulaca oleracea)
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Noël en été, on a du mal à s'habituer...
Les quatre photos suivantes ont été prises aux Kerguelen par Yann Libessart que je remercie ici pour m'avoir autorisée à les utiliser.
http://realis.mc/photographes/yann_libessart
Gneiss leptyno-amphibolique. Identification réalisée par le géologue Jean-Paul Guelpa que je remercie encore une fois ici ;-)
Traversée de l'Argentine
d'ouest en est
          Patagonie australe
El fin del mundo ou le Pays du vent