De Tortel à Puerto Tranquilo
J 24 - Mercredi 15 décembre (suite)
 

Il vente toujours très fort mais nous arrivons à ne plus y faire attention – un peu comme pour la tôle ondulée sur la piste –, depuis plus de trois semaines que je suis cramponnée au volant... J'ai d'ailleurs sur la paume des mains un beau chapelet d'ampoules rougeâtres du meilleur effet.
Et à nouveau le bleu impossible du río Baker...
Cochrane. Il fait beau et carrément chaud. Nous changeons des euros, faisons quelques courses et prenons de l'essence, puis repartons pour Puerto Tranquilo. Les ríos succèdent aux arroyos...
 
Puerto Bertrand, à la pointe sud du lac General Carrera, petit village tranquille sur les rives du fleuve, dont les maisons sont noyées sous la végétation luxuriante et les grands lupins mauves.
A la jonction sud du lac General Carrera, nous prenons cette fois à gauche en direction de Coihaique. Les paysages sont tout aussi époustouflants que sur l'autre rive, une pure merveille!
Nous croisons, comme chaque jour, un ou deux gauchos, voire une gauchotte, béret rouge sur la tête et deux ou trois petits chiens aux trousses du cheval. Le lac bleu indigo est bordé de montagnes enneigées, parsemé d'îlots plus ou moins grands, les massifs de lupins jaunes ont remplacé les églantiers et recouvrent la moindre parcelle de terre, dégageant un parfum entêtant. Nous ne regrettons pas les nids-de-poule, les trous et la caillasse qui pourtant nous secouent comme des noix.
Le Golden Gate a changé de décor...
La piste devient nettement meilleure. Au loin, du côté de Puerto Tranquilo, le temps se gâte, il pleut.
Nous avons beaucoup hésité à faire une halte dans ce village, à cause de ce qu'en disait le Lonely Planet, mais la distance pour atteindre Villa Cerro Castillo était beaucoup trop importante. Après 225 km de ripio, des heures de piste supplémentaires, aussi mauvaise, étaient pour moi insurmontables.
En fait, Puerto Tranquilo s'étend le long de la berge, envahie elle aussi par les grands lupins jaunes odorants. Le cadre est magnifique!!
L'hôtel est le grand bâtiment blanc, sur la droite
Quelle n'est pas notre surprise, tout à coup,  de voir par les baies vitrées le pompiste si bavard et si sympa de Puerto Guadal, de l'autre côté du lac, à une bonne cinquantaine de kilomètres de mauvaise piste, servir l'essence aux pompes au-dessous! Et ça ne désemplit pas, on ne dirait pas qu'on est si isolés. Les pick-up se succèdent sans arrêt et les conducteurs remplissent des tas de bidons et de gros jerricans entassés à l'arrière.
En attendant, il nous voit à la fenêtre et fait celui qui ne nous reconnaît pas... Etrange comportement...
 
Nous partons nous promener sur la plage, où souffle un vent furieux. Il y a ici, au milieu du lac, des « grottes de marbre », que l'on atteint en petite barque à moteur. Nous en voyons justement passer une, avec deux passagers qui ont l'air totalement frigorifiés et qui sont secoués comme un prunier. Ça ne nous donne pas du tout envie d'être à leur place... Tant pis pour le marbre...
Caleta Tortel (fin)
Et l'hôtel si mal décrit dans le Lonely Planet se révèle pas du tout vieillot et idéalement situé. Notre chambre est grande et belle, en rotonde, avec une avancée, et donne de tous les côtés sur le lac agité et les montagnes en face. Pourtant, malgré le prix (30 000 pesos, soit 50 euros la nuit), ici comme ailleurs, il faut réclamer les « toallas » (serviettes) et, tant qu’à faire, nous réclamons aussi le « jabón » (savon).
J 25 - Jeudi 16
 

Nous qui pensions bien dormir, dans le lit moelleux à souhait et bercés par le bruit de la pluie sur la tôle, c'était sans compter avec les multiples gouttières qui tombaient de pan de toit en pan de toit. On aurait dit vingt personnes tapant avec de petits marteaux sur le métal. J'ai été réveillée au moins dix fois. Dommage, parce qu'on était vraiment bien en s'endormant, sous la couette si douce et avec la vue sur le lac...
Bon petit déjeuner très attentionné, avec entre autres du pain de Pâques que l'on voit partout depuis qu'on est au Chili mais que nous n'avons jamais goûté. C'est un gros pain-gâteau sucré avec de nombreux fruits secs et confits.
 
Avant de partir pour Coihaique, nous refaisons le plein. Le pompiste fait toujours celui qui ne nous reconnaît pas. Je lui dis qu'on l'a vu à Puerto Guadal et il me répond laconiquement: « Oui, et aujourd'hui c'est ici. » Bon...
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