J 29 - Lundi 20 décembre
 

Par chance, il fait étonnamment chaud aujourd'hui, près de 30 °C! Le temps idéal pour passer quelques heures sur l’eau. Le pilote guide est très sympa, il n’en fait pas des tonnes comme cela arrive malheureusement souvent (je me rappelle une sortie en zodiac dans le magnifique archipel de Mingan, au Québec, complètement gâchée par des commentaires stupides et ininterrompus).
Nous longeons la côte et allons d'île en île: celle des cormorans gris aux grands yeux orange vif (cormoran de Gaimard – Phalacrocorax gaimardi), qui voisinent avec les cormorans noirs (cormoran de Magellan – Phalacrocorax  magellanicus). Il va sans dire que je suis to-ta-le-ment frustrée de n'avoir que le grand angulaire!! Le zodiac bouge dans tous les sens et les embruns éclaboussent les objectifs…
Puerto Deseado (suite)
Nous laissons les falaises cuivrées aux longs stalactites de guano et continuons à remonter le bras de mer à l’abri du gros des vagues, vers les lions de mer, appelés aussi otaries à crinière (Otaria flavescens), de tous les âges et de toutes les couleurs.
Deux dauphins de Commerson (Cephalorhynchus commersonii), joueurs et surtout farceurs, s’amusent avec le zodiac. Ils arrivent droit sous le bateau, tout le monde se précipite sur le bord opposé pour les voir passer, et il n'y a jamais personne..., ils ont fait demi-tour ! Mais je finis par les prendre dans les filets de l’objectif.
Le clou de cette sortie en mer est le débarquement à la pingüinera, une petite île où nidifient une foule de manchots de Magellan (en espagnol on dit pingüino, mais ce sont en réalité des manchots, les pingouins vivant en Arctique). Ils sont vraiment trop mignons! Dans les quarante centimètres de haut, là encore il y a beaucoup de juvéniles, voire de gros bébés de six mois, petites boules de peluche grise. Ils sont très drôles lorsqu'ils marchent d'un air pressé en file indienne, en se dandinant, droits comme des « i ». Pour pouvoir les photographier, je réussis à les approcher à deux mètres, très très lentement, ça me prend bien vingt minutes, avec des ruses de Sioux, assise par terre ou à genoux.
La lumière est très belle à cette heure de la journée, l'air est tiède et le silence troublé seulement par un appel de loin en loin. Les algues vert intense recouvrent la grève par endroits et contrastent avec l'eau turquoise.
Là je suis pratiquement sous son nez, mais il s'est déjà habitué à moi ;-)
Au bout d'une heure tout le monde remonte dans le zodiac. Le vent qui s'est levé  nous jette à plusieurs reprises des paquets d'embruns au visage et n'épargne pas les appareils. C'est la catastrophe, le mien est couvert de sel!
Les sternes, ces si gracieuses hirondelles de mer, nous accompagnent un temps, sans perdre de vue que le garde-manger se trouve au-dessous d'elles. Elles ont presque toutes un petit poisson dans le bec.
 
Lorsque nous rejoignons le quai, le temps a complètement changé, on ne distingue plus la ligne d'horizon, tout est mêlé, ciel et terre, dans une même brume gris-orangé, très spectaculaire, mi-vent de sable mi-fumée rougeoyante d’incendie.
Le temps de faire un tour en « ville » pour acheter des garrapiñadas (pralines aux amandes), les rafales ont encore forci et se sont chargées de sable. Nous nous engouffrons dans l'hôtel, enfin à l'abri, la peau brûlée et desséchée.
Repas comme hier soir à la confiteria. Pendant ce temps le ciel reprend peu à peu des couleurs, et plus tard nous assistons encore une fois à un coucher de soleil somptueux sous les altocumulus.
Nous sommes en contact quotidiennement avec Françoise et Gérard depuis qu'ils ont débarqué (au sens propre) à Buenos Aires, il y a seulement quelques jours, après plus d'un mois en mer. Ce soir, ils nous disent que les rafales de vent les ont empêchés de rouler normalement et qu'ils ont failli se renverser. La semaine dernière, le 4 x 4 avec cellule d'un Allemand s'est retourné dans une rafale à 200 km/h! On espère quand même les voir demain sur la route, car on se rapproche de plus en plus.
 
J'ai l'impression que la baie vitrée va être arrachée, quant au circuit d'aération de la salle de bains et de la chambre, le vent qui s'engouffre à l'intérieur fait un bruit de réacteur de 747! Il paraît que la spécialité de Puerto Deseado est le très très grand vent...
A l'extrême droite au bord de l'eau, un huîtrier pie (Haematopus palliatus)
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El fin del mundo ou le Pays du vent