Carte du parc: http://www.torresdelpaine.com/ingles/secciones/02/a/mapas.asp#
Parc national Torres del Paine
                        Les Torres
  
Puerto Natales
Torres del Paine
(Glacier Grey)
Accueil
Au refuge, rien ne s'arrange: impossible de se faire à manger, d'une part parce qu'à Puerto Natales nous avons acheté un camping gaz et les cartouches vendues avec (camping gaz également), et que malheureusement, une fois ici, nous nous rendons compte qu'elles ne sont pas adaptées, d'autre part parce qu'il n'y a même pas une cuisine pour se faire chauffer de l'eau. Nous pouvons « manger au restaurant » (à 20 euros par personne en plus des 96 euros par nuit pour nos deux lits superposés...), ou nous « faire de la cuisine dehors » (où ? en plein vent et par terre puisqu'il n'y a ni table ni bancs ?) et  « rentrer la manger à l'intérieur » (merci de tant de générosité !). Nous sommes furieux, d'autant qu'à l'intérieur, justement, il n'y a que les trois malheureuses tables et même pas suffisamment de chaises pour aller avec. Ça promet pour les deux nuits suivantes.
Bien qu'il soit tôt, nous décidons d'aller nous coucher avant que toute la chambrée ne fasse de même, au moins nous serons plus tranquilles pour nous installer.
Ah..., zut, toute la chambrée est déjà au lit!...
Sept heures et demie après le début de la randonnée, nous voici arrivés en bas.
Encore et toujours les si beaux notros...
Quelques touffes d'Azorella compacta...
Passé le  refuge Chileno, à mi-parcours, nous entrons dans un bois et le sentier devient complètement boueux. Le temps est toujours totalement bouché, les Torres enfouies dans une épaisse couche de nuages et de neige et nous ne pouvons espérer les apercevoir. Nous décidons alors de rebrousser chemin.  Au détour d'un virage, un magnifique renard, un zorro colorado aux allures de coyote, croise notre route. Il nous regarde, hésite... Je crois qu'il va nous emboîter le pas mais, dommage, il change d'avis et disparaît sous les arbres.
A leur pied une multitude de baies rose vif, des chauras (Gaultheria mucronata ou Pernettya mucronata). Elles sont très appétissantes mais dans le doute nous freinons notre gourmandise. En fait, certains les disent toxiques, d'autres comestibles...
Arrivés au refuge des Torres, bourré à craquer, nouvelle surprise: nous ne sommes pas au Central mais au Norte, autrement  dit pas au nouveau, paraît-il très  bien, mais à l'ancien, de mauvaise réputation. Nous avions voulu réserver au Central, il y a deux mois et demi, et on nous avait répondu que tout était plein. C'était bien évidemment faux, surtout au printemps. Nous leur avions demandé s'ils étaient certains qu'il ne leur restait même pas une petite place dans le grenier et là, subitement, il nous avait été proposé de réitérer notre demande un mois avant la date d'arrivée. En fait, ce refuge travaille essentiellement avec des agences de Puerto Natales ou de El Calafate, et propose des packs dont nous ne voulions pas (la nuit nous coûtant déjà, en lits superposés, près de 96 €). Ils préféraient certainement louer à ceux qui leur laisseraient le plus d'argent. Il n'y a aucune concurrence, donc tout est permis. Nous n'avons pas fait attention, lorsque la réponse positive est arrivée, qu'elle concernait le vieux refuge.
Le Norte donne vraiment l'air d'être à l'abandon: la petite salle d'accueil comprend trois tables mais pas assez de chaises pour s'asseoir autour; une grosse poubelle déborde de détritus à côté d'un comptoir qui a dû connaître ses heures de gloire mais est désormais à la retraite; le lino du sol se décolle, les « baños » sentent horriblement mauvais, un mélange de désinfectant et d'urinoirs publics; les chambres ne sont pas chauffées, il n'y a pas d'électricité, juste, dans le couloir, une lampe à gaz  à chaque extrémité,  allumée seulement jusqu'à 23 heures. Sinon, la chambre de six lits superposés est petite mais banale. En fait, nous n'adorons pas les dortoirs... Tout cela ne nous dérangerait pas si le prix était adapté au manque de confort. Mais 96 €, ça frise l'escroquerie.
 
Nous montons aux Torres avec un temps complètement bouché, et en en plus il fait un froid sibérien, pas loin du Québec en hiver. Nous sommes pourtant extrêmement couverts, mais la neige qui passe à l'horizontale, fouettée par un vent violent, nous glace le visage. Le sentier traverse d'abord des terres complètement désertes, couvertes d'une petite herbe rase, puis des massifs entiers d'arbustes à floraison rouge vif, superbes, des notros (Embothrium coccineum).
Il fait gris à nouveau et le vent nous transperce dès que l'on met le nez dehors.
A l'entrée Nord, Laguna Amarga (Lagune amère), deux ou trois bâtiments en bois d'un côté, une minuscule cabane de l'autre que se partagent trois personnes. Leurs tâches sont très compartimentées: une  prend les passeports, une deuxième, coincée dans une cahute de verre, nous déleste de 30 000 pesos de droits d'entrée (un peu plus de 45 €), et la troisième vérifie les billets et nous donne le plan du parc.
Nous ne savons pas trop où débute la piste des refuges des Torres, rien n'est indiqué, aussi nous nous jetons dans le vent en courant et filons demander la direction à un cuisinier que nous venons de voir passer comme une flèche entre deux bâtiments.
Les refuges se trouvent au bout d'une mauvaise piste de sept kilomètres, coupée en son milieu par un pont-surprise. Il ne peut supporter plus de 1500 kilos, sinon... Avec la Chevrolet Corsa et une seule personne à l'intérieur pas de problème, mais les véhicules des guides, genre Renault Espace, doivent être vraiment limites...
Nous apercevons encore une fois des guanacos, et encore une fois je peste de n'avoir que le grand angulaire.
Le guanaco (lama guanicoe), à ne pas confondre avec le lama (lama glama) qui crache sa mauvaise humeur au nez du capitaine Haddock (http://www.capsurlemonde.org/andes/lamas/tintin.html – petit clin d'œil à Fred), non plus qu'avec la vigogne (vicugna vicugna) et l'alpaga (lama pacos), bien qu'ils fassent tous partie de la famille des camélidés, le guanaco, donc, n'ayant jamais été domestiqué, broute essentiellement les étendues sauvages de Patagonie. Il est malheureusement chassé pour sa laine, très fine et très douce.
L'ombre du condor plane sur la piste...
Nous retrouvons ensuite la route bitumée mais pour peu de temps, les derniers 90 kilomètres seront à nouveau de la piste. Le ciel s'est dégagé au-dessus de nous, c'est le quart d'heure de bleu avant une nouvelle averse de neige, ou de pluie, comme d'habitude, mais du côté des Torres les nuages s'accrochent avec obstination.
J 10 - Mercredi 1er décembre 2010
 
Aujourd'hui, c'est mon anniversaire. La nuit a été courte mais je me suis endormie tout de suite, bercée par le plus doux bruit qui soit, celui de la pluie qui tambourinait sur le toit de tôle de l'hostal... Le problème, ce matin, c'est qu'il tombe une pluie torrentielle, fouettée par un vent qui doit avoisiner les 120 km/h. Autrement dit des conditions idéales pour entamer une randonnée de huit heures.
Délicieux petit déjeuner avec du cake maison et des yaourts aux fruits, entre autres. Cet hostal est une excellente adresse, pas chère (20 000 pesos), et la propriétaire est vraiment très aimable. Nous partageons la table avec un jeune couple de Français qui nous annonce que la piste la plus longue, celle de Laguna Amarga, c'est-à-dire celle qui mène à l'entrée Nord, est désormais bitumée. Plutôt que de prendre la nouvelle piste plus courte de moitié qui mène à l'entrée Sud, nous choisissons la facilité, puisque du ripio, nous en aurons à revendre dans les semaines à venir.
Nous rangeons tous nos sacs dans un petit local dont la propriétaire a la clef et partons pour les quatre prochains jours, seuls sur la route. Mais à Cerro Castillo, surprise, la route devient piste, et mauvaise piste qui plus est, puisqu'il s'agit d'une déviation, un véritable bourbier. Quelques kilomètres plus loin, un gaucho, béret vissé sur la tête qui le protège mal de la neige  tombant en abondance,  pousse devant lui son petit troupeau de vaches.
          Patagonie australe
El fin del mundo ou le Pays du vent