De retour à Ushuaia
J 31 - Mercredi 22 décembre (suite)
 


Les quarante kilomètres sous la pluie battante sont vite avalés. Il faut faire un détour de dix kilomètres pour Cerro Sombrero par rapport à la piste que nous comptons prendre demain, et qui passe par Onaisin. En arrivant dans le village, nous avons la très bonne surprise de voir qu'il y a une hosteria à l'entrée – l'hosteria Tunkelen –, qui n'est indiquée nulle part et que nous n'avons pas vue non plus sur Internet. Elle est pimpante et n'a aucune concurrente, ce qui n'augure rien de bon pour les prix.
Effectivement, la chambre double est à plus de 80 euros! Nous décidons alors de prendre une chambre dans l'annexe, qui a dû connaître des jours meilleurs, à deux lits jumeaux avec salle de bains partagée, type refuge, pour l'équivalent d'une trentaine d'euros, petit déjeuner inclus, que nous payons en dollars. Puisque nous devions normalement dormir dans la Corsa, ce sera toujours beaucoup mieux.
C’est très calme, ici, à l’écart de la piste et loin de tout. Les petits moutons frisés de la steppe patagonne broutent infatigablement dans la lumière dorée du soir qui tombe.
La journée est terminée, nous nous sommes bien avancés sur notre route pour Ushuaia, et nous dormons finalement au chaud et dans un vrai lit, ce qui était inespéré...
 


J 31 - Jeudi 23
 

Après le petit déjeuner dans l’annexe « cuisine - salle de restaurant » de l’hôtel, sur l’arrière, en compagnie de Brésiliens qui avaient pris le bateau avec nous à Punta Delgada, nous nous dépêchons de partir avant que le premier ferry ne débarque à Bahía Azul et que les camions n'envahissent la piste. Tout le long des 400 km qui nous séparent d'Ushuaia, nous constaterons pour la énième fois combien tous les routiers sans exception sont courtois, attentifs et prévenants. Quelle différence avec les particuliers qui nous croisent sur la piste à toute allure, sans ralentir ni se pousser d'un poil, en sachant qu'ils risquent de faire éclater notre pare-brise!... Et certains me font même des appels de phare répétés parce que je ne mets pas les codes, comme la loi l'exige, quel excès de zèle! Je me demande bien à quoi ils peuvent servir sur des pistes rectilignes à l'infini, alors que la voiture est blanche, sinon à dépenser un peu plus d'essence.
La Terre de Feu est incomparablement plus belle que la région que nous venons de traverser depuis Perito Moreno (ciudad). En fait, c'est un archipel dont l'île la plus grande, Isla Grande, est assimilée à toute la Terre de Feu. Le sol se soulève en collines sur le dos desquelles on dirait qu'est jetée une épaisse toison végétale qui ne descend pas tout à fait jusqu'en bas. Moutons ou petites vaches broutent un peu partout l'herbe blonde, souvent accompagnés de toutes sortes d'oiseaux pourvu qu'il y ait un peu d'eau: flamants, canards, cygnes à col noir, poules d'eau, oies.
La longue chevelure gris clair des lichens envahit de nouveau des bosquets entiers...
Puis les collines laissent la place aux montagnes couvertes de forêts de langas et aux sommets encore enneigés, aux lacs et aux rivières.
Lac Fagnano
Nous longeons maintenant les grandes étendues cuivrées des tourbières, seules taches de couleur dans cet environnement austère et glacé.
Ushuaia, plus de 60 000 habitants. La ville est étendue le long de la baie mais ses maisons basses et ses jardins donnent l'impression d'une petite agglomération. D'après nos calculs, Françoise et Gérard devraient déjà être là.  Nous allons directement aux cabañas del Beagle, sur les hauteurs, et faisons la connaissance d'Alejandro, le propriétaire, qui les a entièrement construites de ses mains. Elles sont grandes (50 m2) et magnifiques, avec d'immenses baies vitrées en angle jusqu'au plafond, très haut, ce qui donne l'impression d'être à la fois dehors et dedans. Au-dessous, par-delà les toits, on aperçoit la baie...
Accueil
Noël à Ushuaia
L'estancia Harberton
Descente sur la Terre de Feu
via Puerto San Julián
          Patagonie australe
El fin del mundo ou le Pays du vent