Ischigualasto
« Là où se pose la Lune »
Mardi 30
 
Petit déjeuner assez basique servi dans la chambre.
 
Aujourd'hui nous allons « là où se pose la Lune », autrement dit au parc provincial Ischigualasto, voisin de Talampaya, comme lui un des plus riches gisements paléontologiques au monde, ce qui impliquera, comme à Talampaya également, de ne pouvoir s’y déplacer seuls. C'est ici que l'on a découvert à l’occasion d’un forage les restes des plus anciens dinosaures, dont le Herrerasaurus ischigualastensis, datant de 250 millions d'années ; mais on ne verra aucun site, tout se trouve au musée, à l'entrée du parc.
Cette fois il nous faudra circuler en convoi, chacun avec son véhicule et un guide monté dans la voiture de tête. Cinq arrêts et trois heures sont prévus sur les 42 km du circuit.
Et pour ceux qu'une balade dans ce paysage lunaire tenteraient, deux randonnées sont proposées, une de deux heures trente et l'autre de trois heures.
Le guide, Martín, est lui aussi originaire de la région de  San Juan et les « che » se multiplient comme les petits pains, il nous faut constamment convertir, mais comme heureusement il parle lentement, nous comprenons sans problème.
Premier arrêt au « Gusano», le « Ver de terre ».
Martín débusque des fossiles de plantes et d’amphibiens, dissimulés dans les sédiments comme des caméléons, derniers témoins de l'existence d'un lac (le lac Ischichuca) au Triasique médian... (le Triasique étant la première période de l'ère secondaire). Cette période est appelée la Formación Los Rastros.
Un quart d’heure plus tard, tout le monde remonte en voiture. Le paysage est aride, c’est rien de le dire ; quelques cactus, quelques sombras de toros (Maytenus viscifolia) et algarrobos (Prosopis flexuosa) poussent néanmoins avec persévérance. L’horizon, sur la droite, est fermé par de hautes falaises rouges. Nous nous suivons à la queue leu leu pour rejoindre la Valle pintado, mais devant nous une voiture traîne particulièrement. Visiblement il s’agit d’un guide qui raconte l’histoire du lieu à ses passagers avec de grands gestes du bras gauche par sa vitre ouverte. Devant eux, on n’aperçoit plus personne, derrière tout le monde roule au pas...
 
Avec la Valle pintado, on passe maintenant à la Formación Ischigualasto (Triasique supérieur). C'est là que se concentrent les plus importants gisements fossilifères du parc. On a beau écarquiller les yeux pour essayer de distinguer un morceau de tibia ou un croc bien aiguisé,  on ne voit « que le soleil qui poudroie... »  ;-)
Troisième arrêt, la Concha de bochas, un éparpillement de boules dont on se demande comment elles sont arrivées là. Martín explique que dans les sédiments sablonneux se sont amalgamées différentes particules végétales et animales. Les infiltrations d'eau les ont peu à peu cimentées avec du carbonate de calcium qui s'est accumulé autour de ces débris jusqu'à former des sphères. Des millions d'années plus tard, l'érosion a fait son travail, laissant derrière elle les sphères, intactes parce que beaucoup plus dures. Mais il a aussi vendu la mèche: celles-ci, prises sur les autres sites se trouvant à quelques centaines de mètres, ont été apportées là pour les visiteurs.
Dans les parages, la Esfinge (le Sphinx) veille...
Quatrième arrêt, el Submarino (le Sous-Marin).
Cinquième et dernier arrêt, el Hongo (le Champignon).
C'est ici, au pied de la Barranca colorada (Formación Los Colorados, la plus jeune du parc, 220 millions d'années quand même), que se termine le tour avec Martín. Les trois heures sont passées, il reste encore 18 km avant de retourner au point de départ et là, bonne surprise, Martín annonce que chacun peut rentrer à son rythme, à condition de ne pas trop traîner en route. Nous lâchons avec plaisir la colonie et partons les derniers pour pouvoir enfin profiter des lieux et photographier tranquillement. 
De grands fauves de grès et d'argile, sortis eux aussi de leur gangue, surveillent désormais l'immense désert qui s'étend à leurs pieds...
De retour au point de départ, on passe par le petit musée qui expose des répliques habillées et déshabillées du Herrerasaurus ischigualastensis et de quelques autres spécimens.
Deux sympathiques Herresaurus se battent pour boulotter un pauvre Rincosaurio, reptile herbivore abondant il y a 220 millions d'années.
  
Accueil
Parc national Talampaya
Le soir, repas à la cabaña préparé par la femme de Don Antonio: une pizza pour Alain, un cabrito pour moi (« le meilleur de toute la région »). On a bien cru d'ailleurs qu'ils nous avaient oubliés car le temps passait, la nuit était tombée depuis longtemps, tout était éteint et silencieux à l'extérieur et notre estomac criait famine. Puis, vers 9 h 30, les deux petits garçons sont arrivés avec les plats. Le cabrito manquait sérieusement d'assaisonnement, il avait été cuit brut de décoffrage sur un grill et comme la viande est apparemment assez fade (c'est la première fois que j'en mangeais), je ne me suis pas régalée. Je pensais à la façon dont l'aurait préparé Loïc... Et puis il y en avait pour six, à l'argentine, quoi! 
De San Agustín de Valle Fértil
à Barréal en passant par San Juan
                              Buenos Aires - Valparaiso
Des Chutes d'Iguazu au cœur des Andes, de la côte chilienne à l'Atacama