Moab. Au Rustic Inn nous prenons possession de la chambre, la 110. J’avais demandé une quiet room et on nous a attribué la seule sur le côté du motel, devant une pelouse fleurie ; malheureusement elle est petite et a une fenêtre minuscule, à l’angle de deux murs, c’est noir comme dans un four… Réfrigérateur, micro-ondes.
La 211 débouche juste sur Church Rock (qui a un frère jumeau juste avant sur la droite, mal sorti de sa gangue. Nous ne l’avions jamais remarqué), ici de profil, comme une grosse baleine échouée sur le sol de l'Utah.
Nous reprenons la route en sens inverse. Les nuages d’orage s’amoncellent sur la route de Moab, au loin. Il pleut à l’est et à l’ouest.
Au bout d’un certain temps, une bifurcation sans indication, mais d’après la carte il faut prendre à droite. Quelques kilomètres plus loin un doute nous assaille soudain : nous entendons un bruit de 4 x 4, mais derrière nous et non en face! Pourtant cette partie de l'Elephant Hill est one-way à partir du parking que nous nous apprêtons à rejoindre – du moins est-ce ce que je crois. Nous serions-nous trompés de direction?... Nous arrêtons la petite jeep de location ouverte à tous vents et très haute sur pattes qui escalade comme si de rien n’était un chaos rocheux et… ouf ! le passager nous dit que la voie est à double sens. Nous nous demandons bien comment, lorsqu’on connaît le départ du parking ! Il fait de plus en plus chaud et tandis qu’ils repartent aussi tranquillement que sur une nationale (d’ailleurs ils ont « tellement aimé l’aller » qu’ils font le retour « juste pour le fun »…), nous reprenons nos sacs et nous remettons en route.
Arrêt à l’ombre d’un maigre juniper. Visite insistante, curieuse et intriguée d’un petit lézard qui nous observe sous toutes les coutures, n’hésitant pas à se déplacer pour mieux nous détailler devant, derrière et de profil.
Un aperçu de la piste au-dessus du petit parking de Squaw Flat...
Pour ceux qui ne connaîtraient pas cette piste, elle est d'une difficulté extrême et bien sûr n'est accessible qu'en 4 x 4 à haute garde au sol, de préférence pas de location! Escaliers qui n'en finissent pas, crevasses, passages excessivement étroits – un centimètre de marge à droite et à gauche –, virages terriblement raides en dévers, et j'en passe. Moi qui pourtant adore conduire et ne suis pas facilement effrayée par l'état des pistes, jamais je ne m'aventurerai dans une galère pareille!
Néanmoins, pour le moment, nous sommes sur une portion mi-sable rose mi-roc d’apparence impossible à franchir en voiture, mais finalement plus monotone.
En repartant, nous hésitons sur le sentier à suivre... Non, apparemment ce n'est pas celui-ci, qui passe entre ces gros bouchons de champagne, mais plutôt celui-là, de sable rose; nous avons rejoint l'Elephant Hill.
avant de plonger dans une espèce de clairière où nous attend une large dalle de grès ombragée par un vénérable juniper. Ombre bienvenue car il fait très chaud! Nous sortons le pique-nique: pain, thon, mayonnaise (Amora, bien sûr, que je ne mange qu'en voyage), tomates, barres de céréales. Il n'y a, là encore, pas âme qui vive, du moins sur deux pattes...
débouche sur un immense plateau,
Les moais des Needles... ont une certaine ressemblance avec leurs lointains cousins de l'île de Pâques...
monte et descend, se contorsionne,
se glisse ensuite entre rochers et falaises par d’étroits passages,
Au départ, le petit sentier de Devil's Kitchen est tapissé de sable rose (mais ne semble pas attirer le randonneur si l’on en juge par l’unique trace de pas), puis rapidement passe sur le slickrock,
En arrivant à la jonction des différents sentiers, au pied des aiguilles pourpres, nous apercevons un groupe d'Allemands, probablement de jeunes adultes avec leurs parents, qui regardent une carte et semblent embarrassés sur la direction à prendre. Je vais les voir, leur demande où ils veulent aller, et là, surprise, ils ne parlent visiblement pas un mot d'anglais! C'est bien la première fois que nous voyons une chose pareille, des Allemands qui ne parlent pas anglais...
Dans le fond, à droite, les La Sal Mountains
Nous connaissons cette partie du sentier jusqu'à Chesler Park pour l'avoir parcourue l'an passé. Passages sur le grès, cairns, chemin de sable, monolithes rouges et blancs...
Whiptail Lizard (Cnemidophorus tigris tigris)
Canyonlands, les Needles. La route est belle, bordée de monolithes cousins de ceux de Monument Valley et de Valley of the Gods.
Arrêt au Visitor Center où nous achetons une carte des Needles au 1/35000e et une autre « Indian Country » nouvelle mouture, malheureusement beaucoup moins claire que l'ancienne, qui est celle de Philippe. La ranger en profite pour nous prédire un fort risque d’orage et en même temps douche un peu notre envie de faire le Joint Trail à Chesler Park.
Parking d’Elephant Hill, 11 heures. Nous prenons un gallon d’eau chacun, des K-way, quelques tomates et barres et nous voilà partis pour Chesler Park, mais pas par le Joint Trail, premièrement à cause des risques d’orage, car ce n’est jamais très agréable de se balader sous les éclairs et la pluie battante, deuxièmement parce que ça nous obligerait à faire le trajet Chesler Park-parking, que nous connaissons déjà, pour la quatrième fois. Nous décidons de passer par Devil’s Kitchen, qui rejoint la piste d’Elephant Hill (8,4 miles round trip).
Première rencontre avec un habitant des lieux, un Whiptail Lizard, qui s'arrête aimablement le temps que je prenne une photo, avant de reprendre sa course folle qui peut atteindre quinze miles à l'heure! Non seulement il est aussi rapide qu'un roadrunner (en langage clair: Bip-Bip), mais ce qui est plus surprenant chez cette espèce de lézard, c'est qu'elle ne comprend que des femelles! Elles se reproduisent par clonage, en pondant des œufs qui ne nécessitent aucune fertilisation.
Canyonlands, Les Needles, Devil's Kitchen
Boucle Salt Lake City - Salt Lake City via Yellowstone