De Puente del Inca à Valparaíso
Vendredi 2 novembre (suite)
 
Comme nous avons raté le fameux pont de Puente del Inca, nous revenons encore une fois sur nos pas.
C'est un petit Yellowstone qui apparaît sous nos yeux, comme une feuille déposée par le vent sur les terres arides de la cordillère, à 2720 m d’altitude. Des coulées pétrifiées d’or et de miel dégringolent dans les eaux ocre-rouge du río Las Cuevas, qui va rejoindre beaucoup plus bas son grand frère le río Mendoza.
Carte en cours de chargement, merci de patienter
Mais ne vous y trompez pas : l’arche de pierre – 50 m de long, 15 de large – qui enjambe le rio est un leurre. Car « il était une fois », un jeune prince inca qui souffrait d’un mal inconnu. Ayant entendu dire que dans de lointaines contrées coulaient des eaux miraculeuses, il quitta Cuzco accompagné de sa garde rapprochée. Après un long et difficile voyage, ils arrivèrent en vue des eaux salvatrices, mais un nouvel écueil se présenta à eux : le torrent qui les en séparait était infranchissable ! L’hésitation des guerriers fut de courte durée : ils s’enchaînèrent les uns aux autres pour former un pont et permettre au prince de passer. Lorsqu’il eut traversé et qu’il se retourna, ils étaient tous changé en pierre. Ce sont eux que l’on voit aujourd’hui...
L’histoire ne dit pas comment, guerri mais privée de sa garde, le prince retourna à Cuzco...
Plus récemment, un hôtel de luxe avait été construit, mais il a été emporté en 1965 par une avalanche qui passa à côté de la petite chapelle. Ne reste plus aujourd’hui, prise dans les gangues de soufre, qu’une vilaine construction dont on espère qu’elle finira pas disparaître.
Au fond à droite, on aperçoit les ruines de l'hôtel
Ici, au fond à gauche...
Les eaux, à 35 °C, sont réputées guérir les maladies nerveuses. En attendant, le pont est condamné, on ne peut plus passer dessus ni s’en approcher trop près.
A l’écart, les marchands du Temple ne sont pas loin. Les stands s’alignent les uns à côté des autres pour vendre toute sorte de choses, par exemple des objets sculptés dans les pierres de la région.
 

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La route pour le Chili passe par des tunnels très courts, souvent des pare-avalanches, et un très long (3 pesos de péage à l'entrée), le tunnel du Cristo redentor (on n'a d'ailleurs pas vu le Christ en question, de quatre mètres de hauteur et de sept tonnes!!), or je n'aime pas les tunnels...
Lorsqu'on en sort, treize kilomètres plus loin et  mille mètres plus haut, on se retrouve à la douane chilienne de Las Cuevas, une espèce d'immense hangar... Il y a une file d'attente d'une dizaine de voitures devant nous, mais on ne sait pas ce qui se passe à l'intérieur. Une douanière nous donne une liasse de papiers qu'il faut remplir en deux, voire en quatre exemplaires chacun, ce qui nous occupe jusqu'à ce qu'enfin on pénètre dans le saint des saints.
 
Nos papiers pour la voiture sont en règle, les contrats en double, etc., mais apparemment ça coince... Tout d'abord, un douanier avec une sale tête, après avoir épluché le passeport d'Alain, examine le mien à la loupe, se tordant la tête dans tous les sens pour lire les différents tampons. Il recommence une fois, deux fois, me jette en même temps quelques regards pleins de sous-entendus et finit par me demander où est la sortie d'Argentine. Comme je ne comprends pas ce qu'il veut dire, excédé, il reprend le passeport d'Alain et me montre le tampon « 23 octobre 2012 », celui d'Iguazú pour aller du côté brésilien des chutes. Cet imbécile n'a pas été fichu de voir qu'il se trouve très exactement au-dessous de celui du 17 octobre, date de notre arrivée à Buenos Aires. Je me fais un plaisir de le lui mettre sous le nez...
 
Puis les quarts d'heure passent. Les Argentins attendent paraît-il l'autorisation des Chiliens pour qu'on puisse entrer la voiture. Ils sont tous assis les uns à côté des autres, mais ce n'est pas un problème quand il s'agit de faire poireauter. Chacun vient régulièrement mettre son grain de sel dans l'affaire et c'est à celui qui aura l'air le plus suspicieux...
Près de deux heures plus tard ils ont enfin établi la connexion et on peut passer à l'étape suivante, la fouille de la voiture avec un chien. Il renifle une fois, deux fois, l'air blasé, puis s'en désintéresse, mais le douanier veut absolument qu'il trouve quelque chose. Il lui montre un sac, puis un autre, les sièges avant, arrière....  et jette l'éponge. Nous n'avons jamais vu une douane pareille!!!
 
Enfin, nous voici au Chili...
Vue sur la baie prise derrière la baie vitrée de notre chambre...
La route des Andes (2)
Parc provincial de l'Aconcagua
Accueil
Valparaíso (1)
  
Quasi immédiatement, on amorce la descente spectaculaire du versant chilien, sept cents mètres de dénivelé sur vingt kilomètres et une multitude de virages aussi serrés que ceux d'Angel's Landing, à Zion NP. Malheureusement je ne peux rien prendre en photo parce que je ne peux pas m'arrêter sur le bas-côté, et nous ne sommes pas seuls sur la route.
Nous passons le premier d'une longue suite de péages sur les routes et autoroutes chiliennes: 2500 pesos par-ci, 900 pesos par-là, 1300 ailleurs... Nous sommes en train de dépenser ce qu'il nous restait d'argent chilien de notre voyage de l'an dernier, et si ça continue nous allons être coincés à un énième péage, sans un sou en poche pour arriver à Valparaíso.   En bas de la descente, l'exubérance printanière est partout. Il y a une multitude de pavots de Californie, c'est visiblement une espèce invasive pour notre plus grand plaisir...
... les eucalyptus côtoient les cyprès,  les agaves se mélangent aux roses. A Los Andes, les vignes sont bordées de palmiers, l'association est étonnante. 
 
La route est longtemps étroite et mauvaise, avec une circulation constante (c'est un long week-end pour les Chiliens), et il me faut pourtant rattraper le temps perdu à la douane puisque nous avions donné 17 heures comme heure d'arrivée au B&B Camila109, à Valparaíso. J'appuie sur l'accélérateur, ce qui a pour effet de réveiller instantanément les Chiliens endormis à leur volant que je dépasse les uns après les autres (mais sans jamais faire d'imprudence, je précise ;-). Se faire doubler par une femme est visiblement une humiliation suprême (comme en Argentine)! Ils nous talonnent pendant quelques kilomètres, puis s'éloignent dans le rétroviseur.
 
Les voies ferrées, ici, ne sont visiblement pas gardées, il faut faire attention de ne pas changer de moyen de transport à cette occasion!!! C'est pourquoi des panneaux avertissent les conducteurs:
« Mire y escuche », autrement dit : « Regardez et écoutez. » Ils ont de l'humour, les Chiliens... ;-)
 
J'ai le pressentiment que pour une fois on ne va pas se perdre mais arriver directement au B&B, je ne sais pas pourquoi. La route pour Viña del Mar n'en finit pas, la circulation est de plus en plus intense, si c'est possible, mais le plan de Google Maps nous aide bien et, à 18 h 30, nous voici au pied de la maison très colorée de Camila109 sans nous être trompés une seule fois (l’adresse avait été trouvée par Christine, alias Krikri, la reine pour dénicher les bonnes adresses!). Nous avons mis trois heures depuis la douane chilienne.
Ulises est au balcon, à mon avis il commençait à se faire des cheveux blancs en se disant que sa meilleure chambre réservée pour trois nuits allait lui rester sur les bras. Il est tout sourire, chaleureux, nous donne illico un plan de Valparaíso et un tas d'informations sur les coins à voir éventuellement. Puis nous montre la chambre rouge que nous avions réservée et qui donne sur la terrasse, avec vue sur la baie. Elle nous séduit immédiatement. 
                              Buenos Aires - Valparaiso
Des Chutes d'Iguazu au cœur des Andes, de la côte chilienne à l'Atacama