Nous reprenons les voitures pour rejoindre King of Wings et y être au coucher du soleil, si du moins les nuages ne le cachent pas avant.
Cette fois nous empruntons une piste secondaire style fakir, partagée en son milieu par de petites touffes d'épineux bien raides qui raclent et nettoient consciencieusement le fond de caisse. Par moments, des ornières obligent à monter sur le bas-côté... Devant, dans le gros GMC, Patrick & Laurence ne s'aperçoivent apparemment de rien. Mais le KIA Sorento avance lui aussi vaillamment, sans jamais faillir.
Enfin nous arrivons au petit parking, là où la piste se perd dans l'herbe.
Devant nous, derrière nous et sur les côtés, un désert herbeux à perte de vue. Ici, comme dans le sud de l'Etat, on sent qu'un jour il y a eu la mer. Rien ne vient ponctuer l'horizon, désormais plat comme la main.
Nous partons rapidement, nous nous couchons dans la terre sèche et le crottin de cheval pour nous glisser sous la clôture et avançons en direction des badlands noires et crème que l'on aperçoit au loin. Alain et moi suivons les pros du GPS, descendons dans de petites crevasses, remontons des pentes raides et glissantes, faites de minuscules plaques croustillantes, vierges de toutes traces – j'ose à peine marcher dessus –, mais nous en verrons quelques-unes plus tard. De quand datent-elles? Ce sont peut-être celles de Philippe ? ;-)
Environ 1,2 km plus loin on aperçoit un site de hoodoos qui s'étend dans ce qui semble être un wash assez large, et puis soudain on entend Patrick... Ça y est ! il a trouvé le King of Wings!
Il est magnifique, avec sa longue aile-épée – un peu émoussée – qui défie les lois de l'équilibre...
Le crépuscule est là quand nous atteignons les voitures, et nous mettons les frontales pour manger. Les glacières sont sorties, le vin blanc est encore frais...
La nuit est désormais complètement tombée, le silence est aussi épais que l'obscurité. On aperçoit quelques lumières aux quatre coins de l'horizon, que rien ne laissait deviner en plein jour, et notamment des phares de voiture qui arrivent dans notre direction. On est tous perplexes... attendant les nouveaux arrivants, ne sachant que penser, peut-être des Navajos se demandant ce que l'on fait là, et puis la lenteur à arriver nous donne des doutes... Il s'agit en fait probablement des lumières d'une maison qui vibrent dans la nuit, donnant l'impression qu'elles se déplacent.
Il est maintenant temps de dormir. Le GMC est plus compliqué à transformer en lit douillet que le Sorento, car il faut enlever la troisième rangée de sièges, mais au bout du compte nous finissons tous par plonger dans nos duvets. Par les vitres, j'aperçois des milliers d'étoiles...
Les nuages couvrent maintenant l'horizon. Dommage... Il est temps pour nous de rejoindre le parking avant la nuit.
La vallée comprend une zone très colorée, qui longe la cité perdue.
Laurence, jouant les équilibristes...
On y croise même une lointaine cousine de Shiprock...
... d'autres de villes dévastées.
Certains ont des allures de forteresse...
... et la Queen Mother, un peu décatie, mais qui a l'air de garder le moral.
En attendant de rencontrer le King of Wings, voici la Queen of Dreams...
Plus loin, s'étend le site de hoodoos.
Ici, des mains sorties du grès soutiennent les chapeaux des hoodoos.
Farmington est une ville que nous connaissons un peu pour y avoir déjà passé deux nuits, et nous pensons pouvoir repérer facilement, à partir de W. Main Street, l'embranchement à droite vers la 371. C'est raté, et bien sûr nous nous perdons et nous retrouvons à Bloomfield, à 9 miles de là... Demi-tour. Alain va se renseigner sur la bonne direction dans un motel et nous retrouvons enfin la 371.
Laurence & Patrick nous attendent à Bisti à 14 heures, aussi j'appuie sur l'accélérateur, la route est rectiligne et il n'y a personne dessus... Nous n'avons que dix minutes de retard lorsque nous les rejoignons, en grande conversation avec leurs voisins de parking anglais.
371 South. Nous suivons le guide et bifurquons peu après sur la gauche, pour nous enfoncer au cœur de la réserve navajo.
Nous roulons longtemps sur de longues et bonnes pistes primaires, tournons à droite, à gauche, ou l'inverse.
Premier arrêt près de Valley of Dreams.
Dans cet endroit solitaire où le ciel prend plus de place que la terre, une carcasse rouillée, les restes d'un fauteuil, une cafetière...
Nous prenons de l'essence (très au-dessous du prix habituel, car détaxée) sur la réserve des Utes, où se trouve aussi un casino, et mangeons un morceau un peu à l'écart de l'aire de pique-nique, sur le parking. Nous n'osons pas aller nous mêler à toutes les familles qui sont là en ce samedi midi...
Bisti Badlands
Valley of Dreams, King of Wings
De Denver à Denver...
Rencontres au cœur de l'Ouest